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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 18:52
Le syndrome Erdman ( extrait)

Si vous donnez un coup de pied à la Chaloupe, vous y verrez sortir des crabes qui s'étouffent à force de vouloir se dévorer.

De par sa particularité, la commune ne peut s'étendre au-delà du rocher car les prairies bordant le village sont des zones inondables et aucune construction n'est permise. D'ailleurs personne de la Chaloupe ne le souhaite et ne voudrait pour rien au monde voir s'étendre le village.

Il appartient depuis toujours aux familles endémiques qui l'occupent, le hantent, le vampirisent.

Les histoires de familles s'entrecroisent comme s'enchevêtrent les toits des maisons à force de constructions anarchiques, de surélévations, de divisions d'héritage.

Les citadins de la capitale de région viennent aux beaux jours le dimanche matin pour faire le marché sur la grande esplanade qui borde le fleuve. C'est à ce moment-là que les gens de la Chaloupe éprouvent une certaine fierté de vivre dans un environnement surprotégé. Mais très vite la liberté qu'offre le fleuve disparaît derrière la jalousie que l'on éprouve à l'égard de son voisin.

Ainsi va le fleuve, ainsi vont les humains.

Chacun jalouse l'autre en projetant ses propres frustrations sur son voisin par peur de se pencher sur sa pauvreté d'âme.

Chacun s'affaire à occuper son esprit, à se confronter aux autres. L'autre n'est plus un révélateur de soi mais le vide que porte l’écho de ses cris.

Seuls quelques vieux hommes réchauffent leurs carcasses, assis sur les rares bancs de l'esplanade au soleil que porte le fleuve. Sous ce soleil le silence est le réconfort, la seule réponse aux histoires grouillantes qui se fomentent à l'intérieur des maisons.

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