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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 14:48
Disparition brutale

Couvert de cendre…. C’était l’objet de tes courriels ou de tes appels quand, chaque année, tu oubliais mon anniversaire. On en riait et avant de raccrocher, tu me promettais de venir nous voir, chez notre nouveau chez nous. 
Disparition brutale.  C’est indiqué tel quel.
Brutale. Une violence inouïe à la lecture de ton faire-part de décès.  Une impression d’avoir lâché la main à quelqu’un et qui disparait. A jamais.
Brutale. Un choc qu’on encaisse , une grande culpabilité pour les rendez-vous manqués, ton humour, tes coups de cœurs cinés ou littéraires que tu aimais partager.
Toi, lisant Libération. Ta colère une fois, le journal  t’avait mis en cause sur une  de tes traductions de livre. Pas content. On avait bu du rosé. Beaucoup de rosé. C’était un soir de septembre et j’ai eu une gueule de bois mémorable.
Toi, un 31 décembre, ouvrant une bouteille de champagne, le bouchon rebondit au plafond et se loge sur tes jambes. Fous-rire de nous quatre.
Toi, décontracté le jour de ton mariage. Comité restreint, seuls ceux qui ont ponctué vos vies sont là et moi heureux d’être avec vos familles et vous deux.
Brutale.
Disparition brutale. Toi qui a pris tant de précaution pour me dire ce que tu pensais de mon premier manuscrit – épouvantable- envoyé avec beaucoup d’espoir douché, mais avec un grand tact et gentillesse.
Brutale.
Mais qu’est ce qu’il nous reste dis-moi ? Des souvenirs qui vont s’estomper, un visage qui va prendre des couleurs floues, le timbre de ta voix qui va devenir inaudible…. Et tout ce qui te conduit à toi, passera forcément par moi, puisque tu n’es plus, il n’y que les vivants pour prolonger ta vie, il n’y a plus que nous pour te faire vivre. Je ne pleure pas. On ne pleure jamais les morts, on s’épanche sur le vide qu’ils nous laisse et le chagrin qu’ils nous causent. L’habitude aussi. Le lien d’habitude que l’on se crée au fur et à mesure du temps, de nos appels, de nos retrouvailles maintes fois repoussées. Le temps nous grignote mais nous ne savions pas que la mort nous attendait au détour de cette année, de ce moment, de cette brutalité.
Brutale. Comme pour effacer la souffrance, comme si quelque chose était arrivée soudainement avec le soulagement du larmoyant  «  il n’a pas souffert, il n’a pas eu le temps de se rendre compte » , pour nous rassurer, pour avoir moins peur.
Mais moins peur de ta disparition ou de la nôtre prochaine ? Dis-moi, tu aurais réagi comment si c‘était moi qui était mort brutalement ?

Disparition brutale, la mort est lâche, elle t’as prise par surprise et nous laisse orphelin de toi, sentiment d’une immense injustice, parce que c’est toujours injuste quand une personne au grand cœur disparait, brutalement ou non, avec ou sans souffrance, suite ou non à une longue maladie ou un accident stupide ou dans une catastrophe naturelle. Elle nous rend impuissant la Camarde, elle nous rappelle que c’est elle en définitive qui a le dernier mot. Tu as pensé à qui au dernier moment ou à quoi ? As-tu eu le temps de penser, de regarder en arrière et te dire que tu as eu une belle vie ? On pense à tout ça, tu crois quand c’est l’heure même brutale ?

Il fait froid en nous maintenant, ta place se vide et c’est du froid qui la remplace. Bras ballant, triste mine , comment veux-tu qu’on fasse maintenant sans toi ?

Tu nus a laissé brutalement sans toi. Peut-être encore une de tes pirouettes …. Si c’est le cas, reviens vite.

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  • C'est dans la profondeur du quotidien que l'on découvre l'extraordinaire c'est en partant de cette citation que je vous propose de m'accompagner sur un chemin...
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