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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 17:35
Passion d'écrire #2  : intervention au Flesselles du 11 Janvier

Première série de questions (pour ceux qui ne te connaissent pas) : quand as-tu commencé à écrire ? Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire ? Qu'as-tu écrit/publié à ce jour ?

L’écriture fait appel à l’imagination, j’ai toujours été un rêveur, donc, me demander quand ai-je commencé à écrire, revient à me demander quand ai-je commencer à rêver …
Je me souviens d’avoir enfant réécrit les paroles des chansons en me mettant en scène, lycéen j’avais écrit un scénario d’un téléfilm avec une amie et une pièce de théâtre – plutôt pathétique- et quelques textes au club théâtre. Je crois que j’ai toujours voulu créer, mais comme je suis un solitaire, l’écriture m’est apparue comme une évidence. J’ai l’habitude de dire que je suis lent d’esprit, alors l’écriture permet de prendre son temps pour vivre des expériences, elle ouvre surtout un champ du possible. L’écriture permet de vivre plusieurs vies, de voyager, de pouvoir regarder à travers des personnages le monde différemment, d’oser aussi, oser ce qui nous fait peut-être peur dans le quotidien, s’offrir une nouvelle identité. Ecrire c’est se libérer.  
Ecrire , c’est aussi remplir une mission : présenter à des inconnus d’autres inconnus, nous sommes des entremetteurs, des passeurs de vie. Nous ne sommes pas tous, voués à avoir une fonction utile dans la société - associations, partage etc…-  écrire , c’est notre part d’Homme, notre quotte part à devoir au monde : donner de l’Humanité, de la profondeur à chaque être humain, révéler la part de lumière de chacun.
A ce jour j’ai publié : 2 nouvelles, une trilogie policière, 1 conte pour enfant, 5 romans, 1 scénario adapté de mes polars, et des projets en cours…

 

Deuxième série de questions (pour connaître ta pratique de l'écriture) : quels genres littéraires préfères-tu (roman, polar, poésie, etc.) ? Des sujets de prédilection, qui te passionnent ? Comment démarres-tu une histoire / un livre ? Comment trouves-tu / construis-tu tes personnages ? Comment organises-tu ton écriture : cadre, moment de la journée, etc. ? Une routine, des habitudes ?

J’ai commencé par un livre initiatique en autoédition, Les Saisons de l’Isthme ( éditions Paulo Ramand), puis du polar pour finir par une écriture intimiste et scénarios. A chaque fois, j’ai exploré une opportunité ou une phase de vie pour écrire.
Le roman initiatique correspondait à une phase d’introspection, de lecture sur la spiritualité, à la mort de mon père j’ai écrit Papa, c’est encore loi quand je serai grand ?( Paul&Mike éditions)  car j’avais besoin de lui prolonger son existence et parce que je vivais quelque chose d’étrange avec lui. Le premier polar est né d’un pari avec un ami, puis les romans intimistes, Celui de nous deux et  Boutique Hôtel ( Vibration éditions) , sont nés de l’envie de parler d’identité.
Pour ces deux derniers, leurs genèses sont différentes.
Pour Celui de nous deux qui part le premier : J’avais reçu – coïncidence- la même semaine deux sms d’amis qui avaient croisé leur petite copine de lycée. L’un m’a écrit : « Mais comment ai-je pu l’aimer ? ». Tandis que l’autre m’a envoyé : « Avec tout l’amour que je porte à ma famille, je pense que c’est avec elle que j’aurai dû faire ma vie ». Le samedi soir, je discute avec une amie qui en avait gros sur la patate, elle a commencé un monologue sur son divorce par : « Tu sais Christian, celui qui part n’est pas forcément le salop qu’on croit » et mon imaginaire a fait le reste. Je voulais écrire quelque chose de drôle, un quinqua bedonnant qui se met au sport pour reconquérir une ex, et allez-savoir pourquoi, quand je me suis mis à ma table de travail j’ai écrit tout à fait autre chose, et à la fin du premier chapitre, j’avais inventé un personnage en plus ; je me suis dit : "allez, on continue, on verra bien", et au final, ce personnage « en plus », donne un sens important à mon histoire.
Pour Boutique Hôtel, c’est plus simple ; une semaine de vacances en hiver durant lesquelles je notais des impressions chaque jour dans l’idée d’alimenter mon blog (chaque année durant l’été, mon blog propose une série de textes différents). Quand j’ai saisi les textes, j’ai vu qu’ils formaient une histoire. Donc, j’ai enchaîné sur un récit par la suite.
Pour les polars, Le quart d'heure Bagnols - A quel sein se vouer ?- Héritage mortel à Laudun ( Les éditions les Presses Littéraires)  c’est surtout un jeu, il n’y a pas de raisons particulières, sauf, que j’aime bien mon flic Delarque qui me permet de rester en contact avec mes racines puisqu’il enquête dans le Gard Rhodanien. Ecrire un polar est un jeu de piste, je trouve intéressant de perdre le lecteur, je m’amuse beaucoup, même si mon policier n’est pas toujours drôle, c’est un introspectif, rêveur, il cherche le pourquoi, le comment ne l’intéresse peu. Heureusement que la policière qui l’accompagne, Muguet,  est très différente, cela permet d’alléger le récit, de donner de l’humour et d’équilibrer.
Pour Les Innocents ( La P'tite Hélène éditions, j’avais lu un polar qui m’avait un peu irrité car on mettait en scène un énième tueur en série, le personnage était intéressant mais l’auteur le détournait de ce qu’il était, enfin, de ce que percevais de lui. Alors j’ai pris ce personnage et j’en ai fait un « innocent » qui tue sa meilleure amie pour la délivrer, il est attachant, et l’action se déroule avec en filagramme un faits divers réel.
Le conte pour enfant, Tilian et l'Ankou triste ( Editons Stellamaris) ,  est une récréation, il parle de la rencontre entre l’Ankou et un enfant. Cet Ankou-là ne veut plus travailler, alors on ne meurt plus dans le canton mais on ne naît plus aussi… C’est un conte pour aborder la mort avec les enfants.
Les scénarios est une activité toute récente, donc je n’ai pas de recul, l’adaptation a été très longue à mettre en œuvre, ils sont en cours de lecture, des retours négatifs encourageants. On verra ce que l’avenir nous proposera.
Je ne construis rien à l’avance car rien ne se passe comme prévu ! C’est l’écriture qui se fait au fur et à mesure, même pour les polars, la trame que je postule, n’est jamais le récit finalisé. Il en va de même pour mes personnages, je les invente au fur et à mesure de l’histoire. Pour les romans intimistes, il n’y a aucun prénom ni nom de famille, pas plus que des villes : les personnages sont distingués par des adjectifs qui les caractérisent, idem pour les villes.
Mes personnages sont en règle générale, des trentenaires gays. On écrit mieux sur ce que l’on connait…. Et j’ai bien aimé mes trente ans. Ce fut une bonne période pour moi, riche, aventureuse, c’est une partie de ma vie que j’aime bien raconter et réinventer, c’est un âge charnière.
Je travaille actuellement sur un personnage quinquagénaire qui regarde avec sévérité ce qu’est devenu sa vie face aux ambitions de sa jeunesse mais aussi ses écarts.

J’écris principalement le matin tôt, très tôt, 6h30. En journée, il m’arrive de coucher sur papier – beaucoup par mails- des idées ou des impressions. J’ai un carnet également, je note pas mal de choses et mon blog me sert aussi de pense-bête.

 

Troisième et dernière série de questions (pour échanger avec l'auditoire) : quelles difficultés éventuelles rencontres-tu quand tu écris ? As-tu trouvé des solutions, des recettes pour les résoudre ? As-tu des questions à poser / des conseils à demander à d'autres écrivains ?

Très souvent je me demande où va aller le texte, c’est la seule difficulté,  en revanche lorsqu’un texte ne me convient pas, je l’arrête, il m’arrive de reprendre un personnage car je m’y attache facilement, mais je ne reprends pas l’histoire.
Je ne connais pas la page blanche mais souvent je temporise car le récit m’échappe ou m’ouvre vers une autre histoire. Je crains toujours d’aller trop vite, pour moi, écrire vite est peut-être un risque de bâcler. Les nuances qu’imposent un personnage ne supportent pas la caricature, on ne peut pas s’arrêter à la surface, il doit être fouillé pour parler au plus grand nombre.
Je cherche également l’équilibre, comme il n’y a pas de dialogue ni trop de descriptions, il faut que le narratif vienne alléger le côté introspectif, on écrit pour les autres, on se raconte des histoires à soi, mais on est lu par d’autres. Une fois le livre commercialisé, je ne m’y intéresse plus, il fait partie du passé. Je relis peu mes anciens romans car je suis très critique. Aujourd’hui je n’écrirai plus cette scène ou ce personnage de la façon qu’hier. J’ai quand même de l’indulgence sur ce que j’appelle parfois mes « caprices », ces phrases mises bout à bout et qui forment un univers dans lequel j’y ai vécu.
J’ai toujours plusieurs projets dans ma tête, ce qui irrite parfois mes proches : je suis tête en l’air, peu dans la réalité. Perdu dans mes pensées lors d’un repas, une amie a murmuré :
« Chut, regardez :  Christian travaille… »

Intervention du 11 Janvier, interview de Patrick Moncoeur

 

 

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