"Il connut ainsi le grand frisson de partir, de s'en aller, sans rien dire… "
"Il connut ainsi le grand frisson de partir, de s'en aller, sans rien dire… "
Pourquoi lire ? Oui, après tout, dans ce monde dominé par l’image, pourquoi continuer à lire…
Je me souviens qu’on me disait enfant : « lève le nez de tes livres un peu », et voilà qu’aujourd’hui, on reproche aux jeunes de ne se plonger dans un livre. Paradoxe, non, évolution. Le monde virtuel n’est pas qu'un monde hostile, la preuve, il vous permet de lire mon blog., cependant, il enlève une fonction vitale à l’humain, celui de l’empathie. Vivre avec un livre,, c’est suivre un personnage, en faire son héros , c’est souvent être dans sa tête, dans ses sentiments. La lecture offre la possibilité de rencontrer des personnages à qui on n’adresserait pas la parole en temps normal, la lecture permet la curiosité de l’autre. Autant de héros, autant de petits cailloux semés sur notre parcours pour mieux comprendre cette vie, et donc par ricochet, la nôtre . La lecture est un vecteur d’altérité, premier pas vers une notion chère à mon cœur : la fraternité. On déteste ce qu'on ne connait pas ou ce qu'on redoute de voir en nous. Et si la littérature nous montrait un autre côté de nous, quelque chose de plus sombre ou de plus lumineux, de plus complexe et de plus riche ?
Là où le réseaux sociaux divisent, la littérature rassemble. Que peut la littérature ? La littérature peut tout.
« Il doit y avoir mieux que l'amour ! (…) Oui, il doit y avoir plus grand que l'amour ! Il doit y avoir plus utile que l'amour ! L'amour, ça ne marche pas, on aime et puis on déteste, on veut et on ne veut plus, on donne et on reprend ! Si l'amour est plus fort que tout, que fait-il face à la violence, à la cruauté , à l'injustice ? (…) Il doit y avoir une autre chose, une autre règle d'or, un autre mot que l'amour... » Qu’il y a-t-il plus grand et plus durable que l’amour ? Aimer c’est courir le risque d’être malheureux parce que le bonheur reste éphémère. Et comment aimer quand le chagrin s'invite dans le cœurs des hommes ?
C’est dans cette révolte intérieure que le jeune Joshua fausse compagnie à ses parents et se rend à Jérusalem demander des comptes au Ciel puisqu’il est son fils.
Stéphane Arfi nous entraine durant ces trois jours d’errance dans cette ville mythique et mystique où, celui qu’on appellera plus tard Jésus , cherche une réponse à ces questions.
La force de ce récit, est d’abord de nous décrire un enfant révolté, miné de l’intérieur car il mesure l’impuissance de l’amour face aux malheurs de l’existence et le rôle qu’il doit jouer dans le futur. Il sent qu’il peut « renverser ce monde », mais pour cela il doit trouver quel est le « mot » qui guérira des « maux ». On est loin de l’image d’Épinal de l’enfant sage et docile, Joshua, est un enfant en colère. Il est déjà investi sans connaitre réellement la portée de sa mission, exalté comme un héro romanesque.
La deuxième force de ce récit est cette rencontre incroyable et déterminante avec le Maitre Hillel qui connait le mot, mais il ne le donne pas. Comme dans toute initiation, c’est à l’apprenti de trouver. Cette rencontre entre le vieux Maitre et le futur est d’une force incroyable et révèle au lecteur le secret du mot. Stéphane Arfi a l’art de mener de bout en bout cette conversation d’une grande profondeur humaine. Ne comptez pas sur moi pour vous le révéler, ce "mot" se mérite, il est au centre des vertus cardinales, porteur de paix intérieure et de justice.
On ressort de cette lecture transformé , presque hébété de la simplicité du message tant le bonheur est porté de nous.
Ce roman est récit initiatique dans lequel le jeune Joshua va rencontrer des personnages qui auront un rôle plus tard.
Stéphane Arfi a le talent du conteur, on sent l’atmosphère onirique des petites histoires qui font l ’Histoire. Habité par ce récit, il le porte depuis de nombreuses années et le restitue à la perfection.
Si vous souhaitez rendre vos proches heureux, si vous souhaitez à vos proches un bonheur durable, offrez leur ce livre !
La Bible raconte que Jésus a fait à l'âge de douze ans une fugue à Jérusalem - une fugue dont, étrangement, on ne sait rien, mais qui a sans nul doute eu une importance capitale. Car ces troi...
http://www.editions-jclattes.fr/trois-jours-jerusalem-9782709663373
Il est coutume de dire que la musque raconte des histoires, qu’en fermant les yeux, on voyage. La musique serait-elle donc narrative ?
L’écriture de la musique serait-elle semblable à celle du roman ? Musique et littérature nécessitent un stylo et du papier, jusque-là tout va bien… Les deux fonctionnent sur des rythmes ( ponctuations, longueurs des phrases pour la littérature , valeurs des notes pour la musique) , des silences ( points de suspension, pause et demi-pause) , sur des sons que produisent les mots et les notes ( codification de ces deux langues)et construction en phrases. Mais la musique est surtout métaphorique et joue sur le registre de l’émotionnel, elle est très physique ou sensuelle, c’est pour cette raison que la musique dit profane était interdite par l’église. Hormis les messes chantées, les oratorios, la musique se devait être essentiellement être religieuse. La musique est intuitive et parle à l’âme, à l’émotion et non à l’intellect. La musique est la recherche des sens, la littérature est la recherche du sens. Les notes ne peuvent exprimer une idée ou un concept.
La musique est en support du texte ou du film : dans « Comme des rats morts « de Benedek Toth il est question de rap et de hard rock, et de techno dans le film « Cours Lola, cours » de Tom Tykwer , elle apporte et renforce une identité é aux héros. Dans des histoires de Elmore Léonard, on entend souvent du jazz ou bleues pour marquer l’histoire dans une période donnée. La musique donne une résonance sociale et un attachement temporel à l’histoire
Mais qu’en est-il de la musique classique dans la création contemporaine ?
Prenons un des deux tueurs du film Eléphant de Gus Van San : peu avant t la tuerie, il se met au piano et nous offre la sonate de Beethoven : sonate au clair de lune, l’une de ses œuvres les plus romantique. Celui qui joue de la musique classique ne peut être un barbare car l’art est tous sauf de la barbarie. Cette sonate humanise le tueur.
Dans Orange Mécanique, Beethoven encore (Neuvième symphonie, Quatrième Mouvement) ou Rossini ( ouverture de Guillaume Tell et La Pie voleuse) viennent en support du film pour donner une esthétique à la violence. Il ne s’agit plus dans ce film d’humaniser le héros, mais de donner une atmosphère plus pesante avec ce contraste. Autre contraste avec Kubrick : 2001 L’Odyssée de l’espace : le film de science-fiction débute avec Richard Strauss (Ainsi parlait Zarazoustra) . La musique classique intervient comme facteur d’intemporalité et donne un côté expérimental et à l fois universel au film.
La musique est un élément à part entière de toute œuvre de création.
Stravinski répondait volontiers à la question « A quoi sert la musique » par « A rien, elle n’est qu’une illusion et non une réalité », elle s’impose toute fois là où le mot ne peut plus s’exprimer et d’après les grecs anciens, la naissance du monde aurait comme origine un son et dans celui-ci contiendrait tous les mystères du monde. Et si la musique avait été créée par l’homme pour cacher la parole ?
Les starlettes qui balancent à l’aide d’hashtag, peuvent aller se rhabiller : Benoit Philippon nous raconte de la première Femen radicale du Cantal, Berthe Gavignol.
La brave grand-mère a 102 ans et la police vient la déloger un matin suite à des tirs de fusils. S’ensuit un interrogatoire mené par le capitaine Ventura, qui recueille des confidences incroyables : elle a tué sept hommes dont ses maris et tous sont enterrées dans la cave. Mamie Luger doit ce surnom à ce pistolet qu’elle va garder en souvenirs d’un officier SS qui a eu la malheureuse idée de la violer. Ce n’est pas une sauvageonne la mère Gavignol, mais les pelles elle ne les roule pas, elle en donne plutôt des coups ! Mamie Luger va raconter sa vie avec une gouaille bien à elle qui nous ravit.
Parce que , outre une histoire bien ficelée , Benoit Philippon porte la parole de cette Landru haut en couleur. Et jamais ne lasse le lecteur. C’est un langage fleuri, comme les près du Cantal au printemps qui procure un plaisir à chaque page.
On ne peut s’empêcher de penser à Darling de Jean Teulé. Deux histoires tragiques que les talents de ces deux auteurs-là transforment en épopée comique mais qui nous laisse un arrière-gout de voyeur déplacé. C’est un drame que ces vies racontées dans ces deux romans, mais dans Darling , l’héroïne fuit son destin alors que dans Mamie Luger, elle l’affronte .
C’est aussi tout le tragique d’une vie de femme qui a décidé que personne ne doit décider à sa place. Un combat d’avant-garde( à vue) que Berthe a choisi de mener seule et surtout face aux autres. On suit sa vie comme on déroule l’histoire de la lutte des féministe. Et c’est ainsi que au-delà d’une histoire tragicomique, ce récit devient un témoignage dont il faudra bourrer le crâne ( à grand coup de pelle s’il le faut) les futures générations de mâles qui réfléchissent avec le cerveau qui se trouve entre les jambes.
Sa grand-mère lui avait bien dit :
« T'es belle comme le printemps qui bourgeonne, t'as des seins généreux qui disent bonjour au soleil, t'as un cul haut et ferme(...)En gros, t'es un aimant à amour ou à emmerdes, c'est selon l'utilisation que tu t'en fais. ».
Elle est comme ça Berthe Gavignol : une amoureuse incomprise.
par Benoît Philippon. Equinox, Les Arènes, 450 p
Le net me surprend toujours par sa capacité à faire du bruit avec pas grand-chose. Pire, la posture facile et la forme sont les deux nouvelles engeances des salons virtuels où l’on cause, faute de fond. Aujourd’hui l’accord du participe passé de l’auxiliaire avoir. Jusque-là, je m’abstenais de ce débat, ayant eu moult difficultés à comprendre des règles qui ne sont faites que d’exceptions.
Si je suis d’accord , je passe pour les « pro » un réformateur, et pour les « anti » d’un paresseux.
Si je suis contre, je passe pour les « anti » pour un sage défenseur de la langue française, et pour les « pro » un ringard traditionaliste.
En bonne balance, je ne sais pas du tout où me situer…
C’est en puisant dans mes souvenirs de lecture, qu’une pensée de Krishnamurti m’est revenue en mémoire « quand le problème est intégré, il n’y a plus de problème, le problème s’estompe, seul reste la réalité »
Les règles sont complexes , on s’est tous cassé les dents ( et moi encore plus que vous aujourd’hui) sur elles. Mais au lieu de contourner un problème, il faut y faire face, sinon, ce problème continuera d’exister et vous serez toujours en conflit avec lui . Et être en conflit avec un problème c’est le faire vivre d’une manière intense alors que vous vous vouliez vous en débarrasser. Bref, vous êtes le problème que vous souhaitiez ne plus voir !
Quant à moi…. Je m’en sors avec une pirouette en citant Thiéfaine : « Mais moi , je n’irai pas plus loin ,je tiens ma tête entre main, guignol ne connait pas de sous-métier, je ris en m’en faire crever ! » ( et il n'y’a aucun accord de participe passé dans cette phrase, et c’est tant mieux !)
INTERVIEW L'écrivain gardois Christian Dorsan : " je puise dans mes racines pour m'exprimer "
Un roman qui a pour décor le Gard rhodanien, où a grandi Christian Champetier, qui a pris le pseudonyme Dorsan en hommage à son village d'enfance Orsan, entre Bagnols et Laudun. C'est donc entre...