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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 06:04
Dernière carte postale : Bagnols sur Cèze

Bagnols n’est pas à proprement parlé une destination de vacances puisqu’elle se situe à 5 km de nous. Bagnols c’est notre quotidien, c’est le marché du mercredi, la Rue de la République que l’on monte jusqu’à la Place Mallet, puis descende la rue de la Poulagère et revenir au pont de départ par le boulevard Lacombe bordée de platanes, où se disputent des parties de pétanque.

Hormis cette boucle en forme de triangle, pas grand-chose à voir et à faire. Il y a quelques touristes égarés mais à l’heure où le soleil plombe les terrasses des cafés, Bagnols est désert et c’est à cette heure-là qu’on va faire les courses.

On va se baigner à la Cèze ou quand un copain de la bande plus agé aura une voiture, dans les gorges de l’Ardèche. La Roque sur Cèze, ce sera l’hiver, dans les ruines du vieu moulin, on descend quelques bières et on joue de la guitare. Nous rendrons ce lieux toujours propre après nos soirées et c’est Momo qui passe en dernier pour tout vérifier.

Sinon, le festival d’Avignon, avant qu’il ne devienne une attraction touristique et une programmation élitiste de Py ( qui assassine Shakespeare en 2015 dans la cour du Palais des Papes avec autant de brio qu’il a exécuté Peter Handke dans sa tribune du Monde en 2006), était pour nous , notre sortie préférée.

Avec mes sœurs nous allons au marché Hippie le long des Allées de Loule et partager un moment avec la secte Hare Krishna sur la Place du Petit Palais.

Avignon sera aussi mes premières virées en solitaires les samedi soirs.

Bagnols n’est pas une station balnéaire : ça sent l’école, les bouchons devant le monument aux morts, les inondations de la Cèze à l’automne, les ouvriers qui klaxonnent quand un tracteur va décharger le raisin à la Coopérative, l’odeur âcre de la Distillerie, le Mont Cotton qui braille l’été de spectacle.

Voilà , tout ça c’est Bagnols, et quand vient la rentrée, c’est aussi l’heure de la dernière fête votive de la saison. Les forains se mélangent aux vendeurs du marché le mercredi pour une sacrée pagaille. C’est le dernier feu d’artifice de la région, négocié par chèr chez Ruggieri dans son stock des invendu de l’été.

Moi je n’ai jamais aimé les fêtes foraines ; ni enfant, ni adulte. Je n’aime pas les forains qui hurlent des « Es ce que vous en voulez encore ? » aux braillards juchés sur des manèges à sensations et qui poussent à fond le son de musiques assourdissantes. J’aime pas les enfants qui pleurent en descendant des manège et font des caprices, l’odeur des chichis et des baraques à frites. Je préfère le silence et si possible, pas trop de foule.

Mais Bagnols c’est là aussi que je suis tombé amoureux la première fois, au Lycée, entre deux classes. Et soudain, tout ce que l’on peut reprocher à un quotidien trop familier, prend des couleurs, et tout s’illumine jusqu’à la crasse du vieil internat.

Bagnols enfant, me fait peur, parce qu’il y a de la circulation et beaucoup de gens que je connais pas .

Je languis d’être plus grand, plus grand , ne pas avoir peur de ce que je connais pas pour me promener dans Bagnols, avoir une voiture pour aller me baigner à la Roques ou ailleurs, plus grand pour que cette ville m’apparaisse plus petite.

Papa, c’est encore loin quand je serai grand ?

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