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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 10:56
Besoin des vivants ( jeudi soir en sortant du bureau)
Jeudi soir. Il y avait une envie de sortir au plus vite dans la rue pour voir encore le vivant, le sensible au-delà du monde restreint du bureau et bientôt de l'appartement, d'avoir la vue buter contre des murs, plus de lointains ni d'horizons.
Il y avait toutes ces voitures en file indienne sur les avenues, les quais , les boulevards, circulation saturée, semblant d’exode. L'air était frais , l'atmosphère polluée de gaz d’échappement, de bruits de moteurs impatients  de quitter la ville.
Beaucoup de monde dans les rues. Beaucoup de monde dans les magasins. Frénésie d'achats avant le vide. Je me disais que ce serait une formidable occasion de réfléchir à notre égoïsme, d'avoir choisi notre confort personnel plutôt que la préservation collective.
Envie de sentir du vivant, de croiser des regards , détailler les yeux, puis le front, deviner ce qu'il se cache derrière les masques.
J'ai croisé des hommes en armes.  Attaque dans une église me dit-on. Trois personnes mortes.
La colère gronde. Elle va exploser un jour, c'est sûr. 
Envie de sentir du vivant, des humains debout, pas avachis devant des écrans qui diffusent de la haine à chaque heure. Frustration, ignorance, terreau du dénuement de l'intelligence. Radicalisation, aveuglement. Obscurantisme. 
Envie de vivant, de désirer ce qui est encore vivant.
Des terrasses bondée, des cris, de la musique, des rires. Bondées les terrasses alors qu'on nous dit de rester à distance pour éviter le pire. Ils s'en foutent du pire, ils y sont déjà. Ils croyaient que tout s'arrangerait comme ça, sans effort.
Besoin des vivants, échos de ma propre conscience, ce sont leur vie qui confirme la mienne. Me sentir vivant en étant avec les vivants.
Puis deux uniformes sont passés.
Les terrasses sont devenues silence.
Puis les terrasses se sont vidées.
Puis la ville s'est éteinte.
Dans le sombre il y avait ton sourire lumineux.
Et ton cœur qui battait dans mon corps toujours aussi fort.
Envie d'être vivant.
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