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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 11:09

 

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La solitude se vit avec les autres, elle prend racine avec les autres et par les autres. C'est ce que nous entoure qui crée le manque, je me sens seul parce que je sens autours de moi les autres et que les autres n'entrent pas en contact avec moi.

Mais si les autres ne sont pas autours de moi, ma notion de solitude est relative, elle n'est alors qu'un passage de temps silencieux.

Cette relative solitude n'est pas nécessairement négative. Elle est même parfois, pour une question de sauvegarde, salutaire, indispensable à un ré-équilibrage de moi. Je profite de ces moments, justement sans les autres, pour reconsidérer  ma place avec les autres.

Mais comme toute chose qui entrent dans le domaine social, la solitude est mal perçue parce que montrée du doigt elle est vécue comme une angoisse. Ce n'est moi qui rend ma solitude négative, c'est l'angoisse du groupe qui la rend maladive. Pourtant elle existe, elle n'est ni bonne, ni mauvaise, elle est.

Bien sûr, j'ai beaucoup de relations sociales, que ce soit dans le domaine du travail, des loisirs ou de la famille. Mais une fois chez moi, toutes ces relations moulées dans conventions de communications cessent. Et c'est ici, chez moi, que je suis non seul, mais silencieux.

Il n'y a aucun manque, aucune recherche de ce manque pour qu'il y est révélation. Un constat simple, tout bête, une arithmétique presque évidente : pas de courrier depuis 3 semaines, pas d'appels téléphonique, que ce soit fixe ou portable, quelques échanges SMS, notifications Face Book sur mon mobile. Et puis après? Un sentiment de légèreté quand le constat comptable de la solitude devient une réalité et non un sentiment. Ce n'est pas non plus une trahison ou une déception. Ce n'est qu'un silence, un beau moment de silence.

Je relisais Lao Tseu :

«Tout le monde tient le beau pour le beau

c'est en cela que réside sa laideur

Tout le monde tient le bien pour le bien

c'est en cela que réside le mal»

C'est sans doute que nous avons perdu le goût du silence et de la solitude au profit du bruit et du relationnel que nous redoutons le silence et la solitude. Quand je parle de «goût» , je parle de plaisir: le plaisir de la parole réservée, absente. Le plaisir des dimanches solitaires, sans obligation, sans aversions ni préoccupation. Un dimanche à traverser Nantes à pied sans prononcer une seule paroles. Et cette idée que reprend plus loin Lao Tseu :

«L'être et le néant s'engendre

le facile et le difficile se parfont

le long et le court se forment l'un par l'autre

le haut et le bas se touchent»

Ce monde est sans pour cela qu'il soit par manque ou absence ou même par présence et profusion.

Il est et existe, comme ma solitude dominicale, en dehors de tout jugement qui pourrait le façonner et ainsi le dénaturer. Nous jugeons parce que nous attendons de ce monde un retour suivant nos aspirations ou nos envies :

«C'est pourquoi le saint adopte

la tactique du non agir,

(…) toutes choses du monde surgissent

sans qu'il en soit l'auteur»

La vie ne se vit pas par manque ou absence. Il est difficile cependant de vivre de béatitude  permanente, mais essayez un dimanche de silence.....mais avec Lao Tseu.

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