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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 12:57
Claude Duneton et l'Amour est dans le pré

Tombé par hasard l’autre soir sur la présentation des prétendants ‘( ou des impétrants comme dirait Montebourg) à l’émission L’amour est dans le Prè. Que l’on veuille moderniser les petites annonces du chasseur Français ou de Meetic, n’a rien de choquant en soi, il faut papillonner avec son temps.

Non, la gêne que j’éprouve devant cette émission, est le regard que l’on porte devant le monde rural ; c’est Rendez-vous  en Terre Inconnue.. et c’est cela qui me chagrine.

Nous regardons avec tendresse Raymond :  ses vaches laitières et ses doigts boudinés à force de les traire par toutes les saison, nous sommes émus par Gilles : céréaliers à l’accent rustique nous raconter ses soirées solitaires à manger une soupe sur le coin de sa table dans sa cuisine où la tapisserie des années 70 a déjà dépassée le stade du jaunie. Ou comment ne pas être fasciné par Christine qui élève ses chèvres sur le plateau du Larzac affrontant le vent et l’hiver froid, le soleil estival qui crame peau.

Les paysans ne font plus recette sauf sur le mode rétro. Dans les années 60, la France était un pays agricole. Et quand on partait des campagnes, de craintes d’y retourner on s’en moquait. Notre pays est devenu industriel, technique, un pays de loisirs, reléguant les plaisirs simple au rang de la préhistoire. Je ne suis pas nostalgique, mais quand on évoque la fin des petites exploitations agricoles, le suicide des agriculteurs, je ressens une gêne, une culpabilité d’avoir oublié une partie de la famille que j’avais oublié et se rappelle à moi pour les enterrements ; On se tient au chaud, on évoque la douceur des jours d’avant, on rit, le café et brulant et on repart chacun de son côté et se promettant de se revoir rapidement. Et on s’oublie.

Cette scène ma rappelle un texte de Claude Duneton ( est-ce dans "Je suis comme une truie qui doute" ou "L'anti-manuel du français " ?, je ne sais plus) dans le quel il racontait un enterrement en campagne : personne n'écoute la messe, on parle de la pluie et du beau temps, on se donne des nouvelles des familles respectives. Et puis vient ce moment où le silence prend le relais, ce tout petit instant de sincérité , ce moment où chacun pense au défunt mais surtout à la précarité de la vie et sa relation avec la vie, eux, les paysans en relation avec la nature, savent mieux que quiconque ce qui vit , meurt et renaît. Ce moment de silence est cette sagesse que nous n'avons pas su transmettre.

Et dire que ce sont eux qui façonnent notre paysage qui défilent sous l’asphalte qui nous mène vers nos  lieux de villégiatures.

Je me dis souvent que nos manières de s’habiller :  cols de polo remontés ,les jeans à taille basses sur les genoux laissant à découvert la chute des reins des ados, nous ont rendu péquenauds à défaut d'être restés des paysans.

L'amour est dans l'apprêt....

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