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17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 12:03
Mamie Luger, la première Femen made in Cantal

Les starlettes qui balancent à l’aide d’hashtag, peuvent aller se rhabiller : Benoit Philippon nous raconte de la première Femen radicale du Cantal, Berthe Gavignol.

La brave grand-mère a 102 ans et la police vient la déloger un matin suite à des tirs de fusils. S’ensuit un interrogatoire mené par le capitaine Ventura, qui recueille des confidences incroyables : elle a tué sept hommes dont  ses maris et tous sont enterrées dans la cave. Mamie Luger doit ce surnom à ce pistolet qu’elle va garder en souvenirs d’un officier SS qui a eu la malheureuse idée de la violer. Ce n’est pas une sauvageonne la mère Gavignol, mais les pelles elle ne les roule pas, elle en donne plutôt des coups ! Mamie Luger va raconter sa vie avec une gouaille bien à elle qui nous ravit.

Parce que , outre une histoire bien ficelée , Benoit Philippon porte la parole de cette Landru haut en couleur. Et jamais ne lasse le lecteur. C’est un langage fleuri, comme les près du Cantal au printemps qui procure un plaisir à chaque page.

On ne peut s’empêcher de penser à Darling de Jean Teulé. Deux histoires tragiques que les talents de ces deux auteurs-là transforment en épopée comique mais qui nous laisse un arrière-gout de voyeur déplacé. C’est un drame que ces vies racontées dans ces deux romans, mais dans Darling , l’héroïne fuit son destin alors que dans Mamie Luger, elle l’affronte .

C’est aussi tout le tragique d’une vie de femme qui a décidé que personne ne doit décider à sa place. Un combat d’avant-garde( à vue) que Berthe a choisi de mener seule et surtout face aux autres. On suit sa vie comme on déroule l’histoire de la lutte des féministe. Et c’est ainsi que au-delà d’une histoire tragicomique, ce récit devient un témoignage dont il faudra bourrer le crâne ( à grand coup de pelle s’il le faut) les futures générations de mâles qui réfléchissent avec le cerveau qui se trouve entre les jambes.

Sa grand-mère lui avait bien dit :

« T'es belle comme le printemps qui bourgeonne, t'as des seins généreux qui disent bonjour au soleil, t'as un cul haut et ferme(...)En gros, t'es un aimant à amour ou à emmerdes, c'est selon l'utilisation que tu t'en fais. ».

Elle est comme ça Berthe Gavignol : une amoureuse incomprise.

 

Mamie Luger

par Benoît Philippon. Equinox, Les Arènes, 450 p

 

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