Retour de vacances : à peine arrivé et déjà envie de repartir

Quand je rentre de vacances, je constate l'étroitesse de ma vie.
Ailleurs, j'étais quelqu'un d'autre, un autre ouvert à l'aventure, comblé devant l'immensité de l'univers, rêveur devant les possibilités qu'offre le Monde. Ailleurs je suis quelqu'un que j'aime, que je cajole , que je couve de bienveillance. Arrivé chez moi je m'énerve contre tout et n'importe quoi, m'emporte  sur une facture ou la reprise du boulot, les transports en commun qu'il faut rattraper en courant sur des trottoirs encombrés de poubelles , l'ordi du boulot qui se déconnecte, la chasse d'eau qui déconne, le frigidaire à remplir et tous les collègues avec grands sourires " c'était bien tes vacances?".
Oui, c'était bien, même trop bien, j'ai oublié les réunions teams , la sonnerie du réveil, mes cauchemars liés aux chiffres que je dois rendre à mon manager, le temps qu'il fait ou qu'il ne fait pas. Bref, tout ce qui peut me ramener de près ou de loin à mon appartement et aux bruits des voisins , des camions de livraisons matinaux et toutes les recommandations placardées par le syndic dans l'entrée de l'immeuble. Qu'ils aillent au diable et même plus loin  ! Moi je veux aller au bord du monde voir si le ciel est plus bleu, la mer plus transparente et l'air plus frais. Pas l'air frais du petit matin dans lequel je dois récupérer le tram à grandes enjambées , non, l'air frais qui aère la tête et qui laisse passer le chant des sirènes, un truc de fou... Je veux du sens à ma vie, à la vie aussi en général. Je ne voyais pas vendre des contrats par téléphone étant gamin. Moi je me rêvais pompier, aviateur, héros ou écrivain, pas commercial par téléphone, le cul sur une chaise à sourire à un écran de pc parce que " le sourire ça s'entend au téléphone". Non, moi je voulais m'évader. Alors mes vacances, c'est un peu mon tunnel que je creuse patiemment chaque jour ouvré sous mon bureau, je me dis qu'un jour j'y glisserais pour rejoindre celui que je devais être, car enfin, ce n'est pas moi là, chaque jour le dos courbé  sur des fichiers Excel dont je ne comprendrais jamais rien, ce n'est pas moi ! J'ai grandi avec mes rêves de gosses dont je ne parle à personne parce qu'arrivé à un certain âge, on parle prostate, plan de retraite, prix de l'immobilier, mais pas " quand je serai grand je serai véto ou marin", parce que demain, ou " quand je serai grand" à fini par me rejoindre et que ça fait marrer le gars qui vend des contrats obsèques , il sait que tôt ou tard, j'y viendrai.  
Il est où ce gain qui n'a pas su conquérir ses rêves ? Attends un peu que je l'attrape par le colbac et que je lui cause de la déception et de l'amertume, de la compétition sauvage entre gens bien attentionnés, de tous ces crevards qui nous vendent leur soupe au moment des élections et qui vont se taper la cloche à notre santé , de ceux qui sont emplis d'orgueil d'avoir acheté la dernière bagnole ou l'écran plat géant et qui n'ont d'autres ambitions dans leur petite vie que d'en foutre plein la vue aux autres parce qu'ils n'ont que ça pour se distinguer. Et tous ses donneurs de leçons, ceux qui croient avoir tout compris et que si ils ne sont pas compris, c'est la faute aux autres, au grand complot de je ne sais trop quoi. 
Lundi matin, retour de vacances et déjà trop de tout dans ma petit tête.

Je crois que j'ai besoin de vacances !!!!!!!!