Au début ce furent des hochements de tête, des sourires lointains en guise de salutation.
Puis un jour ce fut un « il fait froid ce matin » ou un « tiens, le 9h10 est en retard ? » .
Et enfin un jour nous sommes passés du « vous au « tu ».
On parcourait un bout des chemin ensemble, depuis la gare jusqu’au croisement , on s’épanchait en confidences prudentes : les vacances, le travail, les relations avec ses collègues. Puis est venu le « tu es marié ? » , les problèmes relationnels dans le couple. Et un jour , la place est restée vide.
Je pense alors à des vacances ou à une maladie quelconque, un changement d’horaire ponctuel. A mon tour de partir une semaine, j'espère le retrouver à la reprise. Mais la place reste encore vide. Une semaine, deux semaines. Et l’inconnu manque dans le paysage.
Les relations humaines sont tellement codifiées, que parler et sympathiser avec un inconnu hors cadre social ou amical, devient une exception. Cette histoire était plaisante, elle égayait mes matins aux pieds trainants , ensoleillait les épais brouillards d’hiver , allégeait les perceptives de journées ternes.
L’imprévu laisse plus de manque que de satisfaction au final. Je ne sais pas si je reverrai l’inconnu du train, si on pourra reprendre nos conversations anodines, futiles mais tellement indispensables aux relations humaines.