Le blog de Christian DORSAN

C'est arrivé par surprise un dimanche après-midi .
C'était l'hiver avec un beau soleil chaud, j'étais au bord d'un plan d'eau où j'avais accompagné un ami.
Il a suffit d'instant , furtif inattendu pour que cela se produise.
J'étais assis sur le ponton , regardant l'eau devant moi.
Tout à coup j'ai ressenti la respiration de l'arbre qui se trouvait de l'autre côté , je ne sais pas pourquoi , mais je savais que c'était cet arbre, puis ce fut le bruit distinct des rames du canoë, le rire des jeunes sur la berge en face et le souffle du papa jouant au ballon derrière moi avec son fils.
Tout ensemble et tous au même moment.
L'espace de quelques secondes j'ai tout perçu, saisi dans sa globalité.
Je ne sais pas comment et pourquoi est-ce arrivé à ce moment . Je n'ai plus eu cette sensation par la suite.
Mais pendant ces quelques instants , je me suis senti apaisé, fluide.
Aujourd'hui je recherche encore cette expérience mais je sais que ce souvenir est trompeur, car reproduire un événement est le dénaturé, le dissoudre dans le but à atteindre.
Ce jour j'ai peut-être était conscient pour la première fois.

Émotions

Les choses, les faits , les êtres existent en dehors de nous. Nous souhaitons nous les accaparer en émettant un jugement sur elles.
Pires nous cherchons à nous les approprier , à les faire nôtres en passant pour victime héros.
Mais ces chose, ces faits , ces êtres existent en dehors de notre perceptions d'elles, elles existent que nous ayons une opinion ou non.
Elles continuent à exister avec ou sans nous.
Filtrer la réalité par l'émotionnel est factice , la réalité vit en dehors de notre jugement sur elle et continuera sans nous et sans notre jugement sur elle.
Peut importe que nous aimions ou non telle ou telle situation, vouloir se l'approprier est vain.

Ne plus être

48 heures de age de dents....Ceux qui ont déjà vécu ce calvaire savent que chaque recoin de la bouche , du crâne, du corps est soumis aux lacements de la douleur, ressac insupportable , accompagné de larmes.
Il y a encore quelques années, je me serais giflé , tapé la tête contre le mur pour apaisé la douleur, tout du moins penser la détourner.
La nuit dernière je me suis assis en tailleur dans le lit car allongé était impossible : la partie du crâne appuyé sur l'oreiller n'était qu'une douleur vive, torture .
Je ne suis plus que cette douleur, , je ne pense même plus à moi, je ne juge pas ma douleur , je suis la douleur. Et attend avec elle le matin.Je patiente toute la journée au réveil car je sais que le soir j'ai rendez-vous avec le deltiste.
Tard je rentre à la maison délivré, merci mon dentiste , merci à mon ego de m 'avoir oublié.

Il neige et je suis  attristé.
On parle de pagaille, de scandale sécuritaire, des usages de la route pris en otages, de bouchons sur les autoroutes et de l'absence des pouvoirs public.
Que sommes-nous devenus ?
Des automobilistes et des consommateurs en état de victimisation permanente. Nous n'avons plus de capacité de réagir ou d'anticiper des événements. Et nous nous reposons sur les structures existantes que nous détestons.
Cette neige était annoncée : nous prenons TOUS notre voiture pour rentrer TOUS en même temps au plus vite chez nous formant TOUS à la même heure un bouchon.....
Nous maudissons les pouvoirs publics de ne pas faire leur travail alors que NOUS avons voté pour un gouvernement qui supprime des postes utiles dans la fonction public. Et nos hommes politiques suivant leur place, accusent ou nient, aux choix non de leurs convictions mais de la fonction au moment même qu'ils occupent.
Et nous voici ans un vaudeville égotiste français!
Le plus triste est la manière de présenter les faits par les journalistes qui sous-entendent une affaire d'État sous le manteau neigeux.
Et cette phrase insupportable,lassante  plainte : «Est-ce normal?»

Oui est-ce normal que nous nous sentions plus être humains capables de s'émerveiller devant  la neige , de trouver beau notre et magique paysage l'espace d'un instant ?
Pourquoi ne pas s'arrêter ce jour là et emplir nos cœur d'émotions positives, redécouvrir la joie enfantine d'une situation qui change l'ordinaire ?

Nous sommes devenus avide de sécurité et de conservatisme dans un univers où tout est en mouvement. L'évolution de la matière , des planètes et de l'Homme s'est construit en s'adaptant à l'imprévisible , à l'impermanence des choses et du temps.
Nous ne sommes plus à l'écoute de la Nature, nous voulons la défier en permanence mais la Nature n'en a rien à foire de nos rendez-vous, des factures urgentes à éditer, des enfants qui attendent à la crèche.
La Nature s'est rendu belle ce jour là pour nous et nous ne l'avons pas remarqué...
Et c'est cela qui n'est pas normal.

La vie est ce que nous sommes
C'est bête , c'est simple et pourtant c'est évident.
Si je suis heureux je vois la vie magnifique et je trouve de la beauté partout autours de moi. Ne dit-on pas que nous voyons la vie en rose ?
En revanche les angoissés ne percevront de la vie qu'une oppression constante. Ne dit-on pas que l'on broie du noir ?
Sans renier les difficultés quotidiennes , les problèmes au travail, les liens familiaux qui se tendent parfois, on peut décider que cette vie est magnifique  parce qu'elle est précieuse. Célébrer la vie c'est regarder et ressentir autours de soi la beauté et l'amour. Si nous sommes animés par ce sentiment , nos difficultés seront plus facilement acceptées et les solutions seront trouvées. Il ne s'agit pas d'être optimiste ou pessimiste, mais considérer la vie telle qu'elle est avec amour.
Nous rouillions l'autre soir et nous avons vu un homme qui enjambé le parapet du pont , un jogger tentait de le retenir .Nous avons stoppé la voiture et porté secours, pas seulement nous car bientôt 4 , 5 personnes nous aidaient à ramener sur le pont le pauvre malheureux. Nous l'avons tous fait pas par voyeurisme mais parce que chacun de nous était convaincu que sa vie était précieuse.
Depuis trois ans , il n'arrivait pas à surmonter son divorce, ses difficultés au travail. Et ce soir il était attendu pour un repas familial  et il ressentait toute la souffrance de sa solitude et de la séparation plutôt que de se réjouir des retrouvailles.
La vie est ce que nous sommes , si il était animé de joie , cette réunion aurait connu des rires, de la chaleur. Tandis que son portable sonnait , ses larmes s'éclairaient sous les gyrophares des pompiers.