Le blog de Christian DORSAN

« on a habitué les jeunes à se comporter plus en consommateurs qu’en citoyens et ils ne comprenaient pas qu’à l’heure où on pouvait commander une paire de baskets sue Amazon et la recevoir le lendemain matin, il faille se déplacer soi-même aux urnes. »

La démocratie est devenu « un truc de vieux » pour Marc Dugain dans le formidable Tsunami publié chez Albin Michel. Photographie sans concession sur l’état de la France, ce livre salutaire nous donne un point de vue sur notre rapport à la politique.
Internet, et on ne le dira jamais assez , a profondément modifié notre vision du monde et  de nos rapports avec les autres. L’autre devient un élément négligeable, sur le web, sur  les réseaux sociaux notamment, quand l’autre devient gênant, il suffit de l’enlever de sa liste et il devient invisible et vite oublié. Il n’y a pas d’effort de compréhension et les relations ne sont construites que sur des communautés éphémères . Ephémères le sont aussi nos relations amicales, chacun a un moment donné prend une autre direction et s’éloigne, c’est le cycle normal de la vie. Mais à la différence d’internet, les relations réelles, se construisent dans l’altérité, un être seul au monde ne serait pas vraiment un humain car  pour cela, on a besoin de se sociabiliser. La construction d’une société se fait par la sommes des différences et l’envie de réunir ces différences pour construire un bien commun. Partant de là, comment faire comprendre à un jeune qui ne connait que le virtuel, que celui qui nous diffère n'est pas forcement notre ennemi ?
Nous arrivons à un tournant, peut-être suis-je devenu déjà un de ces vieux cons qui regrettent le temps passé parce qu’il ne comprend pas celui dans lequel il s’éteint avec amertume, mais il est temps de repenser notre manière d’être si on ne veut pas voir surgir une société de consommateurs frustrés qui se rouleraient par terre à chaque refus ou à chaque échec. La démocratie est un "truc" fragile, ne la gâchons pas ou alors réinventons-la  Lire Dugain, c'est déjà commencer à réfléchir. 
Ne perdons pas un temps floue à nous trouver !

Mardi soir dans le tram, un jeune trentenaire , plutôt prévenant, tente de consoler une jeune fille  visiblement, d'après ce que j'ai compris , qui ne se remet pas  d'une séparation. Le garçon insiste sur un point précis :

"Je n'ai qu'un conseil à te donner : en ce moment, surtout n'écoutes pas les conseils des autres...."

Marianne dort nue.
J’aime laisser courir mes doigts le long de son dos, depuis sa nuque jusqu’à ses reins. Elle a la peau douce, elle en est fière. D’ailleurs, elle dit souvent que sa peau est plus douce que celle de certaines filles plus jeunes.
Parfois, quand on rentre tard et qu’elle a trop bu, elle me demande ce que je fais avec elle, pourquoi je ne vais pas avec les filles de mon âge, etc. Elle est chiante Marianne quand elle a bu, elle est jalouse aussi. Elle m’a menacé un jour, que si je la quittais il m’arriverait un malheur, n’importe quoi mais quelque chose de terrible. Et le lendemain, elle a fait celle qui ne se souvenait de rien. Elle m’atout de même proposé de venir la rejoindre à Paris où elle me trouverait du travail. Je ne me vois pas dans une grande ville, je ne me vois pas être le jouet de Marianne qui me sortirait, comme un toutou en laisse ou un trophée de chasse, pour clouer le bec à ses rivales.
 

Dimanche Folle Journée à Nantes, comme chaque année, un concert pour se ressourcer les oreilles. J’ai choisi cette année Les Vêpres de Rachmaninov , magnifiquement interprétées par l’ensemble Vox Clamantis.

Ce qui marque tout de suite c’est que la voix est un bel instrument. Un heure de chant brut, en canon ou à l’unisson, psalmodies , voix graves qui agissent sur le plexus solaire, les aiguës qui touchent le cérébral. Il y a des couleurs dans les voix : couleur terre pour les graves argileux, jaune soleil ou mer blanche pour les aiguës.

Les voix qui célèbrent le Divin reposent. Elles sont hors du temps, un répit également dans ce monde trop rapide, trop incandescent qui ferme la porte à la contemplation , même intérieure, au profit du nombrilisme. Les chants religieux ont une dimension particulière, celui de nous faire croire qu’il y a quelque chose de mieux , de plus haut que nous, une forme ou un être qui serait notre double avec toutes les qualités que nous aurions oublié.  Si prier c’est susciter ce qu’il y a de meilleurs en nous, entendre de la musique sacrée matérialise le Divin, Dieu a besoin que l’on croit en lui pour qu’il continue à exister.

Grégorien écrit par un contemporain, Les Vêpres de Rachmaninov sont une prouesse pour les basses dans la dernière partie. Rachmaninov que nous connaissons surtout pour ces concertos, sera enterré au son de ces Vêpres.

La musique adoucit les mœurs, si chacun pouvait se sensibiliser grâce à la musique, notre monde aurait sans doute un nouveau souffle.

Un de mes contacts FB relayait l’article de Libération sur la prestation de Macron au Papotin. Ce à quoi un internaute jugea  bon de commenter que « Mac Kinsey » était derrière tout ça. Je lui ai fait remarqué que tous les présidents sont passés sur le grill de ces journalistes pas comme les autres, il n’en démordit point de ses convictions.
L’homme serait-il devenu un Playmobil ? Un espèce de caricature de l’être humain : manipulable à souhait et très rigide dans ses pensées . Le post de notre « ami » commun portait sur un article – et on ne peut pas dire que Libé soit un pro Macron…-  et non sur Macron lui-même. Nous avons cette faculté de tout ramener à soi et à ce que nous tenons pour vrai, reléguant les autres ,s’ils ne sont pas d’accord , dans les ténèbres de l’ignorance. La France et surtout la sphère internet, ne souffre pas de manque de démocratie mais du manque de démocrates. On ne peut plus échanger si nous apportons la contradiction et la contradiction est refusée si elle ne rentre pas dans le champs des convictions. Nous nous croyons fort d’esprit si nous avançons des opinions alors que nous ne sommes que des réactions , des perroquets de slogans préfabriqués . Nous réagissons plus que nous pensons, le drame est celui de ne plus écouter l’autre. L’espace de partage est une mosaïque émotionnelle où l’égo se dispute à l’intelligence, l’impulsif au rationnel .

Comme l’écrit Günther Anders : "L’homme est plus petit que lui-même."