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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 17:35
Passion d'écrire #2  : intervention au Flesselles du 11 Janvier

Première série de questions (pour ceux qui ne te connaissent pas) : quand as-tu commencé à écrire ? Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire ? Qu'as-tu écrit/publié à ce jour ?

L’écriture fait appel à l’imagination, j’ai toujours été un rêveur, donc, me demander quand ai-je commencé à écrire, revient à me demander quand ai-je commencer à rêver …
Je me souviens d’avoir enfant réécrit les paroles des chansons en me mettant en scène, lycéen j’avais écrit un scénario d’un téléfilm avec une amie et une pièce de théâtre – plutôt pathétique- et quelques textes au club théâtre. Je crois que j’ai toujours voulu créer, mais comme je suis un solitaire, l’écriture m’est apparue comme une évidence. J’ai l’habitude de dire que je suis lent d’esprit, alors l’écriture permet de prendre son temps pour vivre des expériences, elle ouvre surtout un champ du possible. L’écriture permet de vivre plusieurs vies, de voyager, de pouvoir regarder à travers des personnages le monde différemment, d’oser aussi, oser ce qui nous fait peut-être peur dans le quotidien, s’offrir une nouvelle identité. Ecrire c’est se libérer.  
Ecrire , c’est aussi remplir une mission : présenter à des inconnus d’autres inconnus, nous sommes des entremetteurs, des passeurs de vie. Nous ne sommes pas tous, voués à avoir une fonction utile dans la société - associations, partage etc…-  écrire , c’est notre part d’Homme, notre quotte part à devoir au monde : donner de l’Humanité, de la profondeur à chaque être humain, révéler la part de lumière de chacun.
A ce jour j’ai publié : 2 nouvelles, une trilogie policière, 1 conte pour enfant, 5 romans, 1 scénario adapté de mes polars, et des projets en cours…

 

Deuxième série de questions (pour connaître ta pratique de l'écriture) : quels genres littéraires préfères-tu (roman, polar, poésie, etc.) ? Des sujets de prédilection, qui te passionnent ? Comment démarres-tu une histoire / un livre ? Comment trouves-tu / construis-tu tes personnages ? Comment organises-tu ton écriture : cadre, moment de la journée, etc. ? Une routine, des habitudes ?

J’ai commencé par un livre initiatique en autoédition, Les Saisons de l’Isthme ( éditions Paulo Ramand), puis du polar pour finir par une écriture intimiste et scénarios. A chaque fois, j’ai exploré une opportunité ou une phase de vie pour écrire.
Le roman initiatique correspondait à une phase d’introspection, de lecture sur la spiritualité, à la mort de mon père j’ai écrit Papa, c’est encore loi quand je serai grand ?( Paul&Mike éditions)  car j’avais besoin de lui prolonger son existence et parce que je vivais quelque chose d’étrange avec lui. Le premier polar est né d’un pari avec un ami, puis les romans intimistes, Celui de nous deux et  Boutique Hôtel ( Vibration éditions) , sont nés de l’envie de parler d’identité.
Pour ces deux derniers, leurs genèses sont différentes.
Pour Celui de nous deux qui part le premier : J’avais reçu – coïncidence- la même semaine deux sms d’amis qui avaient croisé leur petite copine de lycée. L’un m’a écrit : « Mais comment ai-je pu l’aimer ? ». Tandis que l’autre m’a envoyé : « Avec tout l’amour que je porte à ma famille, je pense que c’est avec elle que j’aurai dû faire ma vie ». Le samedi soir, je discute avec une amie qui en avait gros sur la patate, elle a commencé un monologue sur son divorce par : « Tu sais Christian, celui qui part n’est pas forcément le salop qu’on croit » et mon imaginaire a fait le reste. Je voulais écrire quelque chose de drôle, un quinqua bedonnant qui se met au sport pour reconquérir une ex, et allez-savoir pourquoi, quand je me suis mis à ma table de travail j’ai écrit tout à fait autre chose, et à la fin du premier chapitre, j’avais inventé un personnage en plus ; je me suis dit : "allez, on continue, on verra bien", et au final, ce personnage « en plus », donne un sens important à mon histoire.
Pour Boutique Hôtel, c’est plus simple ; une semaine de vacances en hiver durant lesquelles je notais des impressions chaque jour dans l’idée d’alimenter mon blog (chaque année durant l’été, mon blog propose une série de textes différents). Quand j’ai saisi les textes, j’ai vu qu’ils formaient une histoire. Donc, j’ai enchaîné sur un récit par la suite.
Pour les polars, Le quart d'heure Bagnols - A quel sein se vouer ?- Héritage mortel à Laudun ( Les éditions les Presses Littéraires)  c’est surtout un jeu, il n’y a pas de raisons particulières, sauf, que j’aime bien mon flic Delarque qui me permet de rester en contact avec mes racines puisqu’il enquête dans le Gard Rhodanien. Ecrire un polar est un jeu de piste, je trouve intéressant de perdre le lecteur, je m’amuse beaucoup, même si mon policier n’est pas toujours drôle, c’est un introspectif, rêveur, il cherche le pourquoi, le comment ne l’intéresse peu. Heureusement que la policière qui l’accompagne, Muguet,  est très différente, cela permet d’alléger le récit, de donner de l’humour et d’équilibrer.
Pour Les Innocents ( La P'tite Hélène éditions, j’avais lu un polar qui m’avait un peu irrité car on mettait en scène un énième tueur en série, le personnage était intéressant mais l’auteur le détournait de ce qu’il était, enfin, de ce que percevais de lui. Alors j’ai pris ce personnage et j’en ai fait un « innocent » qui tue sa meilleure amie pour la délivrer, il est attachant, et l’action se déroule avec en filagramme un faits divers réel.
Le conte pour enfant, Tilian et l'Ankou triste ( Editons Stellamaris) ,  est une récréation, il parle de la rencontre entre l’Ankou et un enfant. Cet Ankou-là ne veut plus travailler, alors on ne meurt plus dans le canton mais on ne naît plus aussi… C’est un conte pour aborder la mort avec les enfants.
Les scénarios est une activité toute récente, donc je n’ai pas de recul, l’adaptation a été très longue à mettre en œuvre, ils sont en cours de lecture, des retours négatifs encourageants. On verra ce que l’avenir nous proposera.
Je ne construis rien à l’avance car rien ne se passe comme prévu ! C’est l’écriture qui se fait au fur et à mesure, même pour les polars, la trame que je postule, n’est jamais le récit finalisé. Il en va de même pour mes personnages, je les invente au fur et à mesure de l’histoire. Pour les romans intimistes, il n’y a aucun prénom ni nom de famille, pas plus que des villes : les personnages sont distingués par des adjectifs qui les caractérisent, idem pour les villes.
Mes personnages sont en règle générale, des trentenaires gays. On écrit mieux sur ce que l’on connait…. Et j’ai bien aimé mes trente ans. Ce fut une bonne période pour moi, riche, aventureuse, c’est une partie de ma vie que j’aime bien raconter et réinventer, c’est un âge charnière.
Je travaille actuellement sur un personnage quinquagénaire qui regarde avec sévérité ce qu’est devenu sa vie face aux ambitions de sa jeunesse mais aussi ses écarts.

J’écris principalement le matin tôt, très tôt, 6h30. En journée, il m’arrive de coucher sur papier – beaucoup par mails- des idées ou des impressions. J’ai un carnet également, je note pas mal de choses et mon blog me sert aussi de pense-bête.

 

Troisième et dernière série de questions (pour échanger avec l'auditoire) : quelles difficultés éventuelles rencontres-tu quand tu écris ? As-tu trouvé des solutions, des recettes pour les résoudre ? As-tu des questions à poser / des conseils à demander à d'autres écrivains ?

Très souvent je me demande où va aller le texte, c’est la seule difficulté,  en revanche lorsqu’un texte ne me convient pas, je l’arrête, il m’arrive de reprendre un personnage car je m’y attache facilement, mais je ne reprends pas l’histoire.
Je ne connais pas la page blanche mais souvent je temporise car le récit m’échappe ou m’ouvre vers une autre histoire. Je crains toujours d’aller trop vite, pour moi, écrire vite est peut-être un risque de bâcler. Les nuances qu’imposent un personnage ne supportent pas la caricature, on ne peut pas s’arrêter à la surface, il doit être fouillé pour parler au plus grand nombre.
Je cherche également l’équilibre, comme il n’y a pas de dialogue ni trop de descriptions, il faut que le narratif vienne alléger le côté introspectif, on écrit pour les autres, on se raconte des histoires à soi, mais on est lu par d’autres. Une fois le livre commercialisé, je ne m’y intéresse plus, il fait partie du passé. Je relis peu mes anciens romans car je suis très critique. Aujourd’hui je n’écrirai plus cette scène ou ce personnage de la façon qu’hier. J’ai quand même de l’indulgence sur ce que j’appelle parfois mes « caprices », ces phrases mises bout à bout et qui forment un univers dans lequel j’y ai vécu.
J’ai toujours plusieurs projets dans ma tête, ce qui irrite parfois mes proches : je suis tête en l’air, peu dans la réalité. Perdu dans mes pensées lors d’un repas, une amie a murmuré :
« Chut, regardez :  Christian travaille… »

Intervention du 11 Janvier, interview de Patrick Moncoeur

 

 

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12 janvier 2023 4 12 /01 /janvier /2023 18:31
Avec mon médecin ...

La semaine dernière je suis allé voir mon médecin qui m'a prescrit une prise de sang . Voici un échange  de sms entre lui et moi :

Moi : Bonjour, prise de sang effectuée ce jour, pourquoi autant d'échantillons sang prélevés ? Je n'ai pas pleuré mais ça fait quand même mal... Bonne journée, Christian

Lui : Bonjour, je constate que vous avez enfin grandi Christian, la prochaine fois je vous prescrit une coloscopie. Bonne journée !

Moi : ??????????

 

Avouez que j'ai un toubib hors normes !

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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 14:48
Disparition brutale

Couvert de cendre…. C’était l’objet de tes courriels ou de tes appels quand, chaque année, tu oubliais mon anniversaire. On en riait et avant de raccrocher, tu me promettais de venir nous voir, chez notre nouveau chez nous. 
Disparition brutale.  C’est indiqué tel quel.
Brutale. Une violence inouïe à la lecture de ton faire-part de décès.  Une impression d’avoir lâché la main à quelqu’un et qui disparait. A jamais.
Brutale. Un choc qu’on encaisse , une grande culpabilité pour les rendez-vous manqués, ton humour, tes coups de cœurs cinés ou littéraires que tu aimais partager.
Toi, lisant Libération. Ta colère une fois, le journal  t’avait mis en cause sur une  de tes traductions de livre. Pas content. On avait bu du rosé. Beaucoup de rosé. C’était un soir de septembre et j’ai eu une gueule de bois mémorable.
Toi, un 31 décembre, ouvrant une bouteille de champagne, le bouchon rebondit au plafond et se loge sur tes jambes. Fous-rire de nous quatre.
Toi, décontracté le jour de ton mariage. Comité restreint, seuls ceux qui ont ponctué vos vies sont là et moi heureux d’être avec vos familles et vous deux.
Brutale.
Disparition brutale. Toi qui a pris tant de précaution pour me dire ce que tu pensais de mon premier manuscrit – épouvantable- envoyé avec beaucoup d’espoir douché, mais avec un grand tact et gentillesse.
Brutale.
Mais qu’est ce qu’il nous reste dis-moi ? Des souvenirs qui vont s’estomper, un visage qui va prendre des couleurs floues, le timbre de ta voix qui va devenir inaudible…. Et tout ce qui te conduit à toi, passera forcément par moi, puisque tu n’es plus, il n’y que les vivants pour prolonger ta vie, il n’y a plus que nous pour te faire vivre. Je ne pleure pas. On ne pleure jamais les morts, on s’épanche sur le vide qu’ils nous laisse et le chagrin qu’ils nous causent. L’habitude aussi. Le lien d’habitude que l’on se crée au fur et à mesure du temps, de nos appels, de nos retrouvailles maintes fois repoussées. Le temps nous grignote mais nous ne savions pas que la mort nous attendait au détour de cette année, de ce moment, de cette brutalité.
Brutale. Comme pour effacer la souffrance, comme si quelque chose était arrivée soudainement avec le soulagement du larmoyant  «  il n’a pas souffert, il n’a pas eu le temps de se rendre compte » , pour nous rassurer, pour avoir moins peur.
Mais moins peur de ta disparition ou de la nôtre prochaine ? Dis-moi, tu aurais réagi comment si c‘était moi qui était mort brutalement ?

Disparition brutale, la mort est lâche, elle t’as prise par surprise et nous laisse orphelin de toi, sentiment d’une immense injustice, parce que c’est toujours injuste quand une personne au grand cœur disparait, brutalement ou non, avec ou sans souffrance, suite ou non à une longue maladie ou un accident stupide ou dans une catastrophe naturelle. Elle nous rend impuissant la Camarde, elle nous rappelle que c’est elle en définitive qui a le dernier mot. Tu as pensé à qui au dernier moment ou à quoi ? As-tu eu le temps de penser, de regarder en arrière et te dire que tu as eu une belle vie ? On pense à tout ça, tu crois quand c’est l’heure même brutale ?

Il fait froid en nous maintenant, ta place se vide et c’est du froid qui la remplace. Bras ballant, triste mine , comment veux-tu qu’on fasse maintenant sans toi ?

Tu nus a laissé brutalement sans toi. Peut-être encore une de tes pirouettes …. Si c’est le cas, reviens vite.

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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 14:31
2023  : Il est temps de recréer nos vies

 

Je nous souhaite de mettre de  la couleur dans cette nouvelle année, de nous éloigner le plus loin possible des aigris, des colporteurs de désespoir  et des marchands  de malheur de notre monde.
Fuyons ceux qui pensent que tout est foutu  et qui souhaitent nous embarquer dans leur défaitisme,  préférons ceux qui voient un peu de lumière même quand tout est sombre et que tout semble perdu..
Soyons curieux de tout, osons douter de tout afin éviter l’écueil de l’orgueil et l’arrogance des certitudes ; arrêtons d’encenser nos différences et allons vers ce qui nous rassemble .Cessons d’être le nombril de notre monde ,avec ou sans nous, 2023 se déroulera , l’avenir advient toujours, à  nous de décider comment le vivre.

Dessapons nous de ce que nous avons l’habitude d’être : déjouons les pièges des modèles, mettons de côté tout ce que nous savons, tout ce que nous possédons ou ce que nous faisons, pour découvrir qui nous sommes.
Arrêtons de blablater et d’agir :CREONS  ! 
Il est temps de recréer notre monde.

Je nous souhaite une belle et créative année 2023

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16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 16:04
Entendus, répétés ou déformés : propos 2022

*Je n’ai pas grossi : c’est ce tee-shirt qui est mal coupé !

*Les Bleus ? je ne les vois pas passer le premier tour….

*Je ne comprends pas les guerres de religions, chacune a son paradis et enfer, donc, logiquement on ne se côtoiera pas quand on sera mort, alors pourquoi s’emmerder vivant ? Tu vois ce que je veux dire ? 

*Depuis que je suis né je suis habitué à vivre.

*Savoir qu’on va tous mourir, tu vois, ça, ça ne me rassure pas, d’abord, j’ai pas envie de faire comme les autres, et puis je sais pas si ça me plaira d’être mort.

*On a chaud, on a chaud, ben oui, c’est l’été quoi, tu verras que cet hiver, les gens vont gueuler : il fait froid…. C’est pénible.

*Jt’explique : si chacun croit que son opinion est une vérité alors il n’y a pas de vérité absolue, tu comprends ? C’est comme les températures, il y a les températures relevées et le ressenti, ben c’est toujours sur le ressenti qu’on cause et jamais des relevés. Tu me comprends mieux comme ça ?

*Travailler jusqu’à 65 ans ? Bon, ok, mais pas dans ma boite en tout cas.

*Pull moche obligatoire pour le vendredi des vacances de Noël, quand je vois la gueule de certains de mes collègues, je me dis que le pull moche ils le portent sur leur visage !

*Poutine ? Aussi indigeste et dégueulasse que la spécialité canadienne !

*Donc, à la fin de la réunion, mon manager nous dit que vendre ce nouveau produit donnera du sens à notre job… moi c’est le salaire qui donne du sens à mon job, parce que leur produit à la con, j’y crois pas et je m’en fous pour dire. Les managers sont les fayots de la direction, t’es d’accord avec moi ?

*C’est con les semaines de 7 jours, pourquoi on a pas divisé en nombre pair, c’est plus facile pour compter non ?

*C'est Mélenchon le premier ministre ?

*Les français râlent sur le prix de l'essence pour aller bosser et pas pour partir en vacances, t'expliques ça comment toi ?

​​​​​​​*On te dit qu'il y aura des coupures d'électricité et ils veulent que tu roules à l'électricité y' a pas un bug chez eux ?

*J'aime pas les jeunes depuis que je ne suis plus jeune, sinon avant, ben ça allait je les supportais.

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8 décembre 2022 4 08 /12 /décembre /2022 15:35
Les Clochettes de Noël et les yeux de mon père

Ses yeux sont plus calmes, il est plus cool le père, surtout avec ses petits-enfants. Ses yeux sont délavés, ils sont devenus gris tendre. Autrefois, j'avais peur de ses yeux acier, quand il n’était pas content, ou en colère contre nous, "fallait bien vous tenir" se contente-t-il de dire désormais quand on évoque le passé. Nous étions une fratrie plutôt « remuante » comme disait maman, et il fallait parfois, surtout pendant les vacances, remettre de l’ordre dans nos disputes.

Même il s’en défend, mon père cède plus facilement, plaisante et s’amuse avec ses petits-enfants. Je ne l'ai jamais vu comme cela pendant mon enfance. A vrai dire avec mon frère et mes sœurs, on le trouvait un peu dur, trop parfois, injuste toujours quand il nous refusait une sortie ou tout simplement recevoir un camarade d'école à la maison.
Pour Noël, cette année, je suis venu plus tôt que d'habitude. Mon père est bloqué par un lumbago et il doit ranger sa cabane à outils qui va bientôt disparaître au profit d'un petit chalet pour les petits enfants. C'est sa surprise de Noël ; mais bloqué comme il est, impossible de bouger. Alors maman m'a demandé de venir l'aider. Un peu jaloux de cette surprise pour les petits enfants, j'ai consenti à déménager cette foutue cabane à outils qui nous était strictement interdit d'y rentrer sous peine de punitions. 

C'est bête à dire, mais Noël ramène toujours en enfance et en transportant les outils de la cabane au garage, je me souvins d'un Noël où nous étions partis à la recherche du Père Noël dans tout le quartier. On entendait les clochettes mais impossible de le voir. Pourtant, avec mon frère et mes sœurs, on l'entendait, on courrait puis, arrivés près du lieu où nous étions sûrs de le surprendre, les clochettes tintaient plus loin. Le mystère resta entier, et il nous est arrivé plus tard de l'évoquer entre nous, pensant être victimes d'une hallucination auditive collective. 

La cabane enfin débarrassée, je donne un bon coup de balai son démantèlement. Sous l’établi voué à disparaitre, le balai bute contre un objet sonore. Je me baisse pour le récupérer et je me retrouve nez à nez avec trois petites cloches reliées ensemble par une ficelle. Intrigué, je secoue cette poussiéreuse découverte.  Au son, je comprends vite que les clochettes entendues ce fameux soir de Noël sont entre mes mains. Soudain, les yeux aciers de mon père se font plus affectueux dans mes souvenirs, c'est curieux qu'un détail puisse modifier la perception de ce que nous avons vécu et transformer jusqu'à la réalité d'aujourd'hui. 
Je décide de jouer avec mon père en lui rapportant les clochettes. Devant l'objet qu'il manie avec précaution, il fait une moue d'incompréhension : « Non, ça ne me dit rien... » Je lui raconte ce fameux Noël avec les clochettes que nous poursuivons, mais rien dans son visage ne semble le perturber.
Agacé je finis par lâcher :
« Mais enfin, à qui appartiennent ces clochettes ? ».
Mon père se lève et, en me fixant droit dans les yeux, souffle malicieusement :
« Ben au Père Noël !  A qui veux-tu qu'elles soient ! »

Sidéré par sa réponse, je vois pour la première fois, briller dans les yeux de mon père, un peu d'enfance, un peu de ce qu'on appelle la magie de Noël…

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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 09:46
Rien à f......

Les réseaux sociaux ne sont finalement que la caricature de notre société. Je ne sais plus si je dois en rire ou si je dois m'inquiéter de l'état de mort cérébrale de notre civilisation.
Il y a ceux qui parlent, ceux agissent et ceux qui créent. 
Ceux qui parlent sont toujours des victimes, des pleurnichards qui étalent leurs misères à tout le monde, jamais responsables mais toujours mordants pour vous culpabiliser de votre bien-être.
Ceux qui agissent sont radicaux, il ne peut y avoir de confrontations si il y a nuance des propos de ses adversaires, les arguments sont devenus des slogans, les prêts à penser de ceux qui ne veulent pas réfléchir.
Et puis, il y a ceux qui créent, ils ne sont ni au-dessus de la mêlée, ni à part, en fait ils ne s'en foutent pas :  ils ont inventé leur monde où chacun s'exprime et à la fin, c'est eux qui ont raison sans agresser les autres.

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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 09:03
Vanille de Lia Nauleau : une prison pour sortir du placard

Lia m'avait prévenue de son retard et voila que nous nous retrouvons au Lieu Unique en avance. La démarche volontaire, le sourire amical et le regard franc. Lia dépose son livre, Vanille, sur la table.
Pourquoi Vanille ? Parce que " la vanille est à la pâtisserie ce que le sel est à la cuisine". Je sens que je vais le régaler, moi qui suis gourmand.
Vanille c'est l'histoire d'une femme qui est née dans un corps d'homme et qui s'ennuie dans son quotidien, seule la pâtisserie et la vie avec sa maman  semblent lui donner un peu de baume au cœur. Mais un soir, Vanille entre dans un cabaret et se voit proposer un drôle de "stage" qui se révèle être un piège : personne ne sort de cet endroit, tenu d'une main de fer par Madame et son sbire Nanny. Et c'est dans cette prison, que Vanille va naître car elle va vivre enfin sa féminité.
Roman digne d'un film d'Almodovar, la famille de ce cabaret est exclusivement composée de femmes en devenir. Histoire de sororité, d'identité, jalousie, amour, humour, le lecteur accompagne Vanille avec jubilation, émotion et frisson. Lia Nauleau a le don de nous embarquer dans une histoire où le genre se révèle. Vanille est un bon moment de lecture, un réconfort pour celles et ceux qui trop souvent n'osent pas vivre leur vraie vie.

Lia est une autrice engagée mais une passionaria : elle ne cherche pas à sauver le monde, elle tente simplement de rendre heureux ceux qui en ont besoin. Et c'est en cela, que Vanille/Lia, sont de belles personnes !

Vanille, Editions 2L, 20€

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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 14:11
Les pépites de Montreuil 2022

Le salon de Montreuil vient de se terminer avec son palmarès dont Maldoror est primé. J'ai lu pour 20Minutes j'ai lu quelques livres pour vous, je vous propose les fiches parues dans 20Minutes, peut-être une aide dans le choix de vos cadeaux de Noël...

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25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 15:49
Liberté Egalité Nudité

S.Weil a écrit dans son sublime « La pesanteur et la grâce » qu’il « faut vivre nu » . La nudité d’esprit est la condition pour accueillir chaque chose comme une nouveauté, abolir les préjugés, être vierge de toutes pensées qui pourraient affecter notre appréciation. Et si on passait de la théorie à la pratique ? Prenons la nudité au pied de la lettre, déshabillons-nous, dessapons-nous pour vivre pleinement l’instant présent.

D’abord la nudité permet d’abattre les barrières sociales. Les vêtements sont des signes distinctifs de classes, suivant notre milieu, notre niveau, nos revenus, nous nous habillons différemment  pour marquer une appartenance , par habitude de vie. Être nu est le premier pas vers une égalité  si chère à notre pays, la nudité est une leçon de  laïcité sociale.

Qui d’entre nous n'a jamais pris de plaisir à nager nu ? Non, allez-y, personne ne vous regarde ou vous épie, soyez franc pour une fois… Avouez que cette liberté du corps dans une baignoire, dans une piscine ou dans l’immensité de l’océan, c’est plutôt plaisant . Être nu c’est être libre de ses mouvements sans entrave d’un jeans trop serré, d’un maillot de bain trop lâche, d’un tee-shirt trop court ou d’un pull trop long qui se prend dans la fermeture éclair du blouson, engoncé l’hiver sans possibilité de se mouvoir, trop habillé l’été pour ne pas suer.

Être nu ça dérange parce souvent on associe la nudité à la sexualité . Réduire son corps à la simple fonction sexuelle, c’est limiter son corps au plaisir de l’autre et non à la satisfaction de soi. Être nu, c’est accepter d’être vu par l’autre, nu également, comme une personne à part entière : c’est quand tout est dévoilé que l’essentiel s’exprime.

Pour vivre heureux, vivons à poil !

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