Il suffit d'une phrase sur la lâcheté de Bakounine postée par mon neveu sur Facebook pour avoir eu envie d'y répondre. Comme ça, simplement répondre, créer un lien avec lui. Et puis après le dépôt du commentaire, j'ai eu envie de m'excuser de m'être immiscé dans sa vie avec ce commentaire plus ou moins pertinent.
S 'excuser c'est peut-être la seule action qui découle de la lâcheté. Ce besoin de se disculper de toute initiative , non par humilité mais par la crainte d'être jugé, par la peur que nous inspire les autres, par la terreur que peut inspirer d'être soi-même et de se montrer à nu.
J'aurais sans doute fait un très mauvais père car je ne suis pas pédagogue. Je ne sais pas expliquer mais seulement me raconter toute une histoire sur un ressenti, une situation etc...
Alors Fabien, mon commentaire sur Facebook n'a aucune consistance. Il est tout juste une formulation d'une volonté désespérément humaine de vouloir être important aux yeux des autres sans trop se mettre en danger et ne pas s'impliquer quand les autres ont réellement besoin de toi.
Avoir conscience de cette faiblesse c'est reconnaître sa propre lâcheté.
La lâcheté au quotidien c'est esquiver les problèmes ou plutôt c'est esquiver et contourner les confrontations. Et cette énergie à tout contourner crée les problèmes.
C'est se dire que l'on peut accepter une situation tendue et mal vécue tant que l'on se contente des compensations qui sont des oasis de bonheur. La lâcheté c’est accepter d'être victime et de trouver du romanesque dans la souffrance.
Dans ce monde où tout nous est proposé à la vente nous n'avons plus d'espace d' aventure et le monde du travail est devenu une caricature concentrée de la comédie humaine où précisément la lâcheté est d'écraser les autres pour assouvir l'expansion de notre ego là ou avant l’aventure portait notre être.
La lâcheté au quotidien c'est d'avoir tellement peur devant les tragédies médiatiques consiste à trouver des excuses aux bourreaux , donner une genèse aux faits divers pour que les victimes ne nous apparaissent pas trop comme des anges bafoués. Tout plutôt que l'acte gratuit, atroce, qui terrorise la projection de soi dans le sordide, la projection de sa propre peur pour ne rien faire, rien penser.
Et ma lâcheté personnelle, celle qui m'empêche de tout plaquer quelques fois et cependant trouver mille raisons de m'attacher. Cette peur de perdre le peu que je possède et qui crée en moi une dépendance.
Cette lâcheté de fermer les yeux devant tout ce qui me dérange, tout ce qui me mettrais face à mes convictions, mes idéaux, mes profondes aspirations et qui m'assurent une paix intérieure ou tout du moins une haute estime de moi-même.
Et cette lâcheté entendue mille fois chez les autres et que l'on accepte facilement pour soi : celle qui consiste à se moquer des autres, de dénoncer leurs faiblesses en s'autorisant de sonores « moi à sa place... » . Jouer les fièrs à bras delà parole pour se donner le beau rôle , se valoriser. Oui mais voilà quand le « moi à sa place » arrive , il nous laisse vide et on oublie alors très vite le jugement prononcé contre les autres , pire : nous pensons que notre situation est beaucoup plus importante que celle des autres.
C'est enfin cette lâcheté que de ne pas voir le fossé qui existe entre ce que je suis réellement etc que je postule de moi. La réalité prise en boomerang qui oblige à l'examen de conscience , à l'humilité et qui se transforme en vindicte parce que « si je n'y arrive pas , c'est que c'est la faute des autres »
Voilà Fabien toutes les lâchetés de ton oncle et encore celles-ci sont avouables ! Je pense qu'elles sont vécues et partagées par beaucoup d'autres personne .
Mais combien d'entre nous s'y reconnaisse ?
Reconnaître ces lâchetés nous rend infirme . A moins qu'au delà ce simple constat , naisse une sensibilité à fleur de peau, pas une émotivité larmoyante, ni un une mélancolie, non une sensibilité du monde extérieur .
Celle qui mène à la compassion.